Haiti | Corruption et instabilité : Blinken justifie les sanctions imposées à l’ancien président Martelly

Lors de la conférence de presse tenue à Port-au-Prince, le Secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a abordé plusieurs sujets relatifs à la situation en Haïti, notamment les efforts pour promouvoir la stabilité politique et renforcer la sécurité. L’un des points saillants de son intervention a été l’évocation des sanctions imposées récemment à l’encontre de l’ancien président haïtien Michel Martelly. Ces sanctions, a-t-il expliqué, s’inscrivent dans le cadre des efforts des États-Unis pour lutter contre la corruption et l’instabilité qui minent la gouvernance en Haïti.

M. Blinken a souligné l’importance de responsabiliser les dirigeants et les acteurs influents qui, selon lui, facilitent la violence, le trafic de drogue et l’instabilité. « Comme les États-Unis l’ont montré avec nos récentes sanctions contre l’ancien président Martelly, nous utiliserons tous les outils à notre disposition pour tenir responsables ceux qui compromettent l’avenir d’Haïti », a-t-il déclaré. Il a ajouté que la lutte contre la corruption et la promotion de la transparence étaient essentielles pour maintenir la confiance du peuple haïtien envers le gouvernement de transition.

Ces sanctions contre Martelly, qui visent à restreindre son accès au système financier américain et à imposer des restrictions de voyage, illustrent la volonté des États-Unis de jouer un rôle actif dans l’amélioration de la situation en Haïti. Le Secrétaire Blinken a réitéré l’engagement des États-Unis à soutenir la transition politique en Haïti, tout en assurant que ceux qui font obstacle à la paix et à la stabilité devront répondre de leurs actes.

« Les États-Unis se concentrent également sur l’aide humanitaire. Antony Blinken a annoncé une nouvelle aide humanitaire de 45 millions de dollars, portant le total de l’aide américaine à plus de 210 millions de dollars cette année. Cela signifie plus de nourriture, d’eau potable, et des services de santé pour plus de 1,5 million de Haïtiens. Dans le cadre de la stratégie à long terme, les États-Unis travaillent pour remettre Haïti sur la voie de la croissance et des opportunités, en partenariat avec les parties prenantes haïtiennes. Un des aspects clés est de prévenir les conflits et de promouvoir la stabilité dans le pays.

En outre, les États-Unis s’engagent à renforcer le secteur du vêtement en Haïti, qui représente environ 25 % du PIB du pays et 90 % de ses exportations. Des dizaines de milliers de Haïtiens dépendent de ce secteur pour leur emploi. Le programme Whole Health Trade Terminus, qui incite les entreprises à installer des usines en Haïti en permettant l’exportation sans frais des biens haïtiens vers les États-Unis, fait partie intégrante de cet effort. Cependant, cette législation essentielle expirera l’année prochaine, et les États-Unis travaillent déjà avec leur Congrès pour la renouveler rapidement.

Antony Blinken a également souligné l’importance de la coopération entre le gouvernement haïtien et la communauté internationale pour faciliter l’investissement des entreprises en Haïti. Il a ajouté que malgré les défis énormes auxquels le pays fait face, il y a une réelle opportunité de redresser Haïti grâce à une approche concertée qui inclut la sécurité, l’économie et les réformes politiques. »

Extraits de la conférence

Je suis venu en Haïti aujourd’hui pour rencontrer le Premier ministre Kony, le Conseil présidentiel de transition, ainsi que d’autres dirigeants politiques et responsables de la sécurité, afin de renforcer notre engagement commun pour un Haïti sûr et démocratique. En mars dernier, nous étions avec les dirigeants de la CARICOM et d’autres parties prenantes cruciales, Haïtiens et partenaires au-delà de la région, à Kingston, en Jamaïque, pour rallier le soutien régional à une transition politique menée par les Haïtiens. Depuis lors, les Haïtiens ont mis en place un Conseil présidentiel de transition, un gouvernement avec un Premier ministre intérimaire et un cabinet. Nous voyons ces institutions progresser pour accomplir leur mission envers le peuple haïtien.

Les États-Unis saluent les dirigeants haïtiens pour avoir mis de côté leurs différences et travaillé ensemble pour mettre le pays sur la voie d’élections libres et transparentes. Nous attendons avec impatience que le CPT nomme rapidement un Conseil électoral provisoire pour organiser ces élections, une étape critique. Nous accueillons également favorablement les efforts haïtiens visant à répondre aux allégations de corruption et à promouvoir la transparence et la responsabilité, ce qui est essentiel pour que ce gouvernement de transition maintienne la confiance du peuple haïtien. Comme les États-Unis l’ont démontré avec nos récentes sanctions contre l’ancien président Martelly, nous utiliserons tous les outils à notre disposition pour tenir responsables ceux qui facilitent la violence, le trafic de drogue et l’instabilité.

Parallèlement à ce processus politique, des efforts nécessaires pour établir une base sécuritaire solide se poursuivent. En particulier, la Mission multinationale de soutien à la sécurité, autorisée par les Nations Unies l’année dernière, a progressé. Au cours des derniers mois, plus de 380 membres du personnel kényan sont arrivés pour soutenir la Police nationale haïtienne dans le cadre de cette mission, et d’autres renforts sont attendus. Ces dernières semaines, la MSS et la Police nationale haïtienne ont intensifié les opérations conjointes, adressant un message fort : ce sont les Haïtiens, et non les gangs haïtiens, qui écriront l’avenir du pays.

En conséquence, les aéroports ont rouvert, les vols commerciaux ont repris, permettant ainsi aux marchandises d’entrer dans le pays. Dans certaines parties de Port-au-Prince, l’activité économique a augmenté, davantage de marchés ont rouvert, et de plus en plus de gens sortent. Lors de mes réunions aujourd’hui avec les dirigeants de la mission de sécurité et la police haïtienne, nous avons discuté de la manière de garantir que le personnel de sécurité soit bien formé, bien équipé et responsable, afin qu’il puisse travailler efficacement ensemble pour combattre la violence et maintenir l’élan d’Haïti.

Pour notre part, les États-Unis ont déjà versé plus de 300 millions de dollars pour soutenir cette mission multinationale, envoyant des véhicules blindés, des radios, des lunettes de vision nocturne et mettant en place une base d’opérations complète. De l’aide supplémentaire arrivera rapidement. Nous avons également fourni 200 millions de dollars à la police haïtienne depuis 2021, contribuant à la formation et à l’équipement de nouvelles recrues ainsi qu’à des unités spécialisées anti-gang. Nous apprécions profondément le leadership indispensable du président du Kenya, William Ruto, ainsi que les contributions de la CARICOM et de la communauté internationale.

Le Canada a été l’un des partenaires les plus solides et les plus durables d’Haïti, consacrant des millions à la formation et à l’équipement pour renforcer la Police nationale haïtienne et la Mission multinationale de soutien à la sécurité. La Jamaïque, en tant que commandant adjoint de cette mission, s’est engagée à envoyer son propre personnel en Haïti. El Salvador envoie une équipe de secours médical. Mais à ce moment critique, nous avons besoin de plus de fonds et de plus de personnel pour atteindre les objectifs de cette mission. Les États-Unis travaillent activement à obtenir ce soutien supplémentaire.

Dans quelques semaines, nous serons à l’Assemblée générale des Nations Unies. J’ai l’intention de convoquer une réunion ministérielle pour encourager des contributions accrues pour répondre aux besoins sécuritaires, économiques et humanitaires d’Haïti, ainsi que pour renouveler le mandat de la mission, qui expire début octobre. Les États-Unis s’engagent également à utiliser cette base de sécurité pour soutenir et libérer le potentiel du peuple haïtien.

Nous sommes le plus grand contributeur d’aide humanitaire à Haïti. Cela inclut une aide humanitaire supplémentaire de 45 millions de dollars que j’annonce aujourd’hui, portant le total de l’aide américaine à plus de 210 millions de dollars cette année. Cela signifie plus de nourriture, plus d’eau, plus d’assainissement, plus de services de santé et de soutien pour 1,5 million d’Haïtiens supplémentaires. À long terme, les États-Unis travaillent à remettre Haïti sur la voie de la croissance et des opportunités, notamment grâce à une stratégie gouvernementale globale que les États-Unis et les parties prenantes haïtiennes ont développée pour prévenir les conflits.

Transcript

Antony Blinken:
Je pense qu’en seulement quelques heures passées ici aujourd’hui, en rencontrant des dirigeants, en parlant aux gens, ainsi qu’en étant immergé dans le travail que nous avons accompli ces derniers mois, ce que j’ai vu, c’est une résilience incroyable et la renaissance de l’espoir. Nous le voyons dans les nouvelles ressources policières prêtes à reprendre leurs communautés. Nous le voyons chez les citoyens qui constatent que le gouvernement de transition commence à aborder les défis avec sérieux et détermination. Nous le voyons chez les parents qui peuvent recommencer à imaginer aller au supermarché, envoyer leurs enfants à l’école sans crainte. Toutes les personnes que j’ai rencontrées aujourd’hui se soucient de ce pays et sont déterminées à construire un avenir meilleur. Je veux que le peuple haïtien sache que les États-Unis sont à vos côtés, et ils continueront à l’être. De nombreux autres pays le sont également. Je pense donc que nous avons vu un bon début pour faire avancer Haïti, mais il reste encore beaucoup à faire. Nous sommes déterminés à continuer. Nous sommes déterminés à aider le peuple haïtien, maintenant et à l’avenir. Il le mérite.

Modérateur:
Première question à Patel de Radio-RFM.

Patel (Radio-RFM):
Ma question s’adresse à Antony Blinken. Je voulais vous poser une question concernant les États-Unis et Haïti. Les États-Unis sont présents depuis 40 ans, mais le pays a également besoin de beaucoup d’investissements dans la croissance économique et la création d’une économie prospère en Haïti. Nous aimerions savoir comment les États-Unis vont continuer à aider Haïti après le début d’une nouvelle révolution économique. Merci. Et la question est donc : que pouvons-nous vraiment faire pour aider Haïti à développer son économie ? Le système humanitaire est essentiel, mais nous avons aussi besoin d’autres mesures, comme la question le suggère.

Antony Blinken:
La vérité, c’est que nous avons fait, et continuerons à faire, exactement cela. Si vous regardez les dernières années, depuis 2021, nous avons fourni plus de 800 millions de dollars d’aide au développement, d’aide économique et de soutien sanitaire, ainsi que d’assistance en matière de sécurité. Et cela est distinct du système humanitaire. Donc, vous avez tout à fait raison. Ces investissements dans les activités économiques fondamentales d’Haïti, et tout ce qui doit être fait pour les soutenir, sont essentiels. Nous continuerons dans cette voie. J’ai mentionné la Hope Health Act, qui a été essentielle pour soutenir le secteur pétrolier, si central pour l’économie haïtienne. Nous voulons la renouveler avant qu’elle n’expire l’année prochaine. Cela a été un facteur crucial, car cela incite les entreprises à produire de l’énergie en Haïti, vendue ensuite aux États-Unis et dans toute la région.

Donc, ces mesures, ainsi que le programme que nous avons dans le cadre de la Global Fragility Act, qui prévoit un plan de 10 ans pour Haïti afin de soutenir son développement, de prévenir l’instabilité, mais aussi de promouvoir l’activité économique, doivent tous converger. Mais je tiens à répéter que la première chose à faire est de s’assurer que la base de sécurité est là, et c’est ce qui se passe actuellement avec la MSS et la Police nationale haïtienne. Il reste encore beaucoup de travail, mais cela commence à se mettre en place. Nous voulons également que Haïti soit de nouveau sur une voie démocratique claire, et cela implique des élections l’année prochaine.

Modérateur:
Pour la prochaine question, Michael Crowley du New York Times.

Michael Crowley (New York Times):
Merci. Merci, Monsieur le Secrétaire.

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