Actualités

Extraits en français du discours du Président Petro en visite à Jacmel

today2025-01-23 1

Arrière-plan
share close

Leslie Voltaire (CPT) :… Non seulement avec la Colombie, mais aussi avec tous les autres pays libérés par Bolívar. Nous remercions chaleureusement le Président Petro pour sa visite à Anahitia et espérons qu’elle portera bientôt les fruits d’une coopération bénéfique entre ces peuples. Merci infiniment, Président Petro.

Président Petro :

Caracas s’est levée pour rassembler et unir toute l’Amérique, criant avec force : « Liberté ou mort ». Nous voici aujourd’hui. Il existe peut-être un autre monde maintenant, deux siècles après que les bateaux sont partis, transportant des Haïtiens, des Américains colombiens et des Vénézuéliens, prêts à se battre pour la liberté. Depuis ces deux siècles, une histoire entière s’est écoulée. Haïti a été oublié. Les propriétaires d’esclaves français sont venus réclamer des indemnités, comme si les êtres humains étaient des propriétés privées. C’est ainsi que les esclavagistes en Colombie prétendaient qu’ils devaient être indemnisés si les esclaves devenaient libres, car ces derniers représentaient pour eux une propriété privée. C’est dans ce contexte que Desaline et Pétion furent trahis, car la promesse de libérer les esclaves noirs, arrachés de force à l’Afrique et amenés sur le territoire colombien, n’a pas été tenue.

Cela fait partie de l’histoire de nos peuples, une histoire souvent marquée par des promesses rompues et des luttes inachevées. Aujourd’hui, en évoquant ces événements, nous ne cherchons pas seulement à rappeler des faits, mais aussi à réaffirmer l’importance de ces combats pour la liberté et la justice sociale. Les idéaux de Bolívar, de Dessalines, et de tant d’autres héros de la libération, ne peuvent être réduits à des commémorations sans action. Il est impératif de regarder notre passé non pour s’y ancrer, mais pour y puiser la force nécessaire à la construction d’un avenir véritablement libre, où les erreurs du passé ne se répètent pas.

Remplie de luttes, cette même Washington et ce même New York, des luttes du peuple noir qui est venu ici, l’Africain, ne sachant où il allait, enchaîné, mais qui a su arriver dans ces villes et penser à la liberté. Les États-Unis ne seraient rien sans le peuple noir, sans le peuple mexicain. Les États-Unis ne seraient rien si les Blancs n’avaient pas appris ce que signifie se battre pour la liberté, chanter pour la liberté. Les chants les plus beaux d’Amérique parcourent peut-être aujourd’hui tout le continent, mais ils résonnent aussi au cœur de Washington, au centre de New York, dans le sud des États-Unis, dans le nord, et jusqu’au Canada. Et ce sont des chants magnifiques, qu’ils soient en anglais, en espagnol, en français ou en néerlandais, car ces chants célèbrent toujours la liberté.

Les cultures, de l’Alaska à la Patagonie, restent unies, malgré ceux qui cherchent à nous diviser, à nous chasser de la maison où l’on nous a amenés de force, ou de celle dont on a expulsé de force des Latino-Américains et des Caribéens. Ils ne veulent pas d’Haïtiens, pas de Vénézuéliens, pas de Portoricains, pas de Colombiens. Eh bien, laissons-les un moment seuls, voyons ce qui se passe. Car je crois que c’est entre nous que nous allons nous aider, et ceux qui nous rejettent resteront isolés, et plus ils seront isolés, plus ils seront pauvres, plus ils seront en déclin. Plus ils resteront seuls, pensant qu’ils sont une race supérieure, plus ils deviendront des nazis. Et ce qui est arrivé dans l’histoire des nazis se reproduira.

Mais une humanité surgira. À cette époque, en 1936, en 1945, cette humanité a commencé avec le peuple européen lui-même : des Soviétiques, des communistes, des socialistes, des chrétiens, des républicains, des démocrates, des gens incapables de supporter l’indignité de voir l’humanité elle-même conduite dans des camps de concentration, pour l’exterminer. Cette humanité s’est levée, et des millions sont morts, mais des millions ont résisté, accompagnés des armées rouges, blanches et noires, des jeunes paysans d’Ohio, des champs du Wisconsin.

Ces jeunes, venus des campagnes et des villes, se sont battus non pas pour une idéologie ou un drapeau, mais pour une idée simple et universelle : la dignité humaine. Ils ont compris que la liberté ne pouvait pas être un privilège réservé à quelques-uns, mais un droit fondamental pour tous. Ce même esprit de lutte, cette quête de justice, traverse encore aujourd’hui les frontières et les époques.

Cependant, nous vivons à une époque où certains cherchent à diviser, à instaurer la peur et à cultiver la haine envers ceux qu’ils considèrent comme différents. Ils oublient que c’est précisément cette diversité qui a construit les plus grandes nations, enrichi les cultures et donné naissance aux mouvements de liberté qui ont changé le cours de l’histoire.

Regardons ce que nous avons accompli ensemble : les luttes pour l’abolition de l’esclavage, les mouvements pour les droits civiques, les combats pour l’égalité et la justice. Ces victoires ne sont pas le fruit d’un seul peuple ou d’une seule région, mais d’une humanité unie contre l’oppression.

Aujourd’hui encore, les chants de liberté continuent de résonner. Ils traversent les montagnes et les océans, défiant les murs et les frontières. Ce sont des chants qui parlent d’espoir, de solidarité et de la conviction que, malgré les défis, nous sommes plus forts ensemble.

Nous, aujourd’hui, tout comme Francisco Miranda lorsqu’il était jeune, devons réfléchir à une idée nouvelle, une idée qui pourrait être celle de la démocratie, de la république, de la liberté et de la souveraineté des peuples. Je crois qu’aujourd’hui, nous devons penser à une idée jeune, portée par les jeunes, les femmes et les révolutionnaires qui n’ont pas oublié ce que signifie la liberté. Nous devons comprendre que, plus que les nations, il est nécessaire qu’émerge un nouvel organisme politique, un nouveau sujet politique capable de mener les révolutions dont le monde a besoin aujourd’hui. Cela s’appelle l’humanité.

Au-delà des nations, il faut rappeler à Trump, à Elon Musk, dont le père était un immigrant fuyant les armées nazies, que l’humanité est plus importante. Les nations ne peuvent exister que si l’humanité prospère, et l’humanité ne peut vivre que dans la liberté, lorsque chaque être humain est libre, dans chaque coin du monde. Je dois leur dire que les étoiles ne seront jamais atteintes tant qu’il y aura des guerres, tant qu’on bombardera des enfants dans n’importe quel pays. Veulent-ils atteindre les étoiles ? Alors il faut transformer la Terre en un paradis de liberté et de vie.

Nous ne pourrons atteindre les étoiles, comme Musk semble le vouloir, que si nous sommes capables de construire la liberté, l’humanité et la vie dans chaque recoin de la planète. Nous devons nous comporter comme des frères et oublier ces époques où certains Blancs se croyaient propriétaires de Noirs réduits à l’esclavage. Les esclaves ont donné une leçon d’humanité à leurs oppresseurs, une leçon qui résonne encore aujourd’hui.

Demain, vous visiterez le pape François. Dans son église, au cœur des marbres du centre de Rome, il sait que le plus grand cœur de ces pierres mortes est celui des vivants, le cœur de la liberté. Transmettez-lui le salut de tous les peuples latino-américains qui, aujourd’hui, doivent s’unir pour s’entraider, pour grandir ensemble, pour renforcer la solidarité et la coopération entre Colombiens et Haïtiens. Car cette entraide, cette solidarité mutuelle, est la base de l’humanité, de notre force et de notre pouvoir.

Merci au peuple haïtien. Je vous demande pardon, car ici sont arrivés des Colombiens blancs qui ont tué le président d’Haïti. Au nom de tout le peuple colombien, je vous dis que nous ne croyons pas en cette mort propagée par ces Colombiens. Nous croyons en la vie. La Colombie est le cœur de la vie dans le monde, et c’est pourquoi nous souhaitons nous unir dans la vie, avec des cœurs sincères et non avec les mains des assassins. Merci infiniment.

The post Extraits en français du discours du Président Petro en visite à Jacmel first appeared on Rezo Nòdwès.

Écrit par:

Rate it

Articles similaires

Actualités

Lutte contre les gangs en Haïti : après le blocage des fonds américains, le CPT, budgétivore, doit être remplacé et les forces de sécurité nationales renforcées, déclare le Dr Renaud

Tweet La décision de l’administration du président Donald Trump de bloquer le financement de la mission multinationale dirigée par le Kenya en Haïti a suscité un vif débat sur l’efficacité des opérations menées sur le terrain et les perspectives de stabilisation du pays. Cette décision, qui intervient alors que les […]

today2025-02-05


0%