En Haïti, le quotidien des enfants alarme les Nations unies. L’Unicef, le fonds de l’Onu pour l’enfance, déplore les écoles détruites ou mobilisées pour l’accueil des déplacés, les structures sanitaires manquantes, tout un système mis à terre à cause des attaques des gangs. Et les gangs n’épargnent pas les enfants, victimes de violences sexuelles, et enrôlés par les groupes criminels.
L’Unicef estime que les gangs comptent entre 30 et 50% d’enfants dans leurs effectifs – des enfants recrutés en grand nombre à Port-au-Prince et dans l’Artibonite. Mikaël Ponge a joint Bruno Mass, le représentant de l’organisation en Haïti. Dans un rapport commandité par l’Unicef, explique-t-il, certains enfants se disent contraints de rejoindre les groupes armés pour leur protection, ou en raison de la menace de représailles. D’autres le font pour de la nourriture, ou pour disposer d’un revenu pour leurs familles. Certains disent avoir trouvé dans les gangs un sentiment d’identité et d’appartenance – dans un contexte où la violence devient « normale » pour les enfants.
Selon le rapport, les garçons sont utilisés comme espions, pour transporter des munitions, pour surveiller les personnes enlevées… Les filles sont, elles, ciblées par la violence sexuelle pour affaiblir des groupes rivaux ou en échange de « protection ».
En tous cas, explique Bruno Mass, certains garçons sont utilisés dès 14 ans comme combattants de première lignes. Enrôler des enfants de tous âges est, rappelle le responsable, « une violation flagrante du droit international ».
Plutôt que d’engager des poursuites judiciaires, il est essentiel, insiste-t-il, de se concentrer sur le soutien au rétablissement et la réintégration de ces enfants, « souvent mis au ban de leur communauté et de leurs familles, sans avoir les moyens de surmonter ces expériences traumatisantes ».
Le journal Ayibopost publie ce lundi (17 juin 2024) des témoignages d’enfants enrôlés dans les gangs. Un adolescent de 14 ans raconte comment il « fait les courses » pour le gang de Gran-Ravin ; et que des amis lui demandent constamment d’intégrer ce gang et de porter une arme. « Pour ce garçon, la mort représente une possibilité constante », écrit Ayibopost, qui précise que l’adolescent a perdu il y a quelques mois un de ses camarades lors d’une violente altercation avec un troisième ami, lui aussi recruté par les groupes criminels.
Dans un éditorialpublié vendredi dernier (14 juin 2024), Le Nouvelliste se demande « qui fait le décompte des droits des enfants qui sont bafoués et violés » ces dernières années depuis le début de la crise sécuritaire.En plus des enfants enrôlés de force dans les gangs, Frantz Duval parle, pour beaucoup d’autres, de l’impossibilité d’aller à l’école ou de jouer en plein air ; de toutes les formes de violence dans le cadre familial à cause des restrictions que vivent les parents ; des violences sexuelles aussi – « dans un milieu normal un enfant est une proie, quand ça va mal les risques augmentent ».
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Patricia Bullrich au Salvador
La ministre argentine de l’Intérieur Patricia Bullrich a visité ce dimanche (16 juin 2024), au Salvador, la plus grande prison d’Amérique centrale. Prison d’une capacité de 40 000 prisonniers, précise Clarin, qui vivent « sous un régime de contrôle strict et de droits minimums ». Les organisations de défense des droits de l’homme avaient sonné l’alarme lors de sa construction, rappelle La Nacion. Nayib Bukele, qui dirige le pays depuis 2019, a déclaré la « guerre » aux bandes armées, dont il a mis des dizaines de milliers de membres en prison. Le pays est, depuis 2022, sous un régime d’exception qui permet les détentions sans mandat.
De nombreuses photos montrent Patricia Bullrich devant les cellules remplies de détenus. La ministre, écrit le quotidien, a assuré qu’un des objectifs du gouvernement argentin est de construire des prisons à Buenos Aires qui copient le modèle salvadorien – particulièrement après l’escalade de violence due au trafic de drogue à Rosario, dans la province argentine de Santa Fe, précise El Cordillerano.
Patricia Bullrich doit encore rencontrer plusieurs ministres, le chef de la police et le procureur général… Et le président Bukele, ce sera ce mardi (18 juin 2024) selon Clarin.
Le vote difficile des Vénézuéliens installés en Argentine
La présidentielle au Venezuela, c’est dans un peu plus d’un mois. Et les craintes sont grandes sur le déroulement du scrutin : sur la manière dont le président Maduro utilise l’État au service de sa campagne, mais aussi sur sa volonté d’exclure du scrutin un certain nombre de Vénézuéliens – ceux qui vivent à l’étranger notamment, plus à même de soutenir l’opposition. Ils sont plus de 7 millions et demi, et rencontrent aujourd’hui de très nombreuses difficultés pour s’inscrire sur les listes électorales. Le correspondant de RFI en Argentine Théo Conscience a ainsi rencontré Armando Noguera, qui s’est installé en Argentine en 2017 pour fuir le marasme économique de son pays. Mais il n’a pas pu s’inscrire pour la présidentielle de juillet : nous ne savons pas quand les inscriptions sur les listes électorales vont s’ouvrir, lui a dit le consulat vénézuélien à Buenos Aires, nous vous préviendrons sur les réseaux sociaux… « Ce qu’ils n’ont jamais fait », déplore le jeune homme de 34 ans. Deux jours avant la date limite, il apprend par un ami que les inscriptions ont finalement été ouvertes, mais il ne peut s’inscrire car son passeport est périmé – sa carte d’identité en cours de validité et nombre d’autres documents ne suffiront pas. Pour beaucoup de Vénézuéliens exilés parfois depuis des années, cette documentation peut s’avérer longue et couteuse à rassembler…
Les quelque 150 000 Vénézuéliens en âge de voter résidant en Argentine n’ont finalement eu que 15 jours pour s’inscrire sur les listes électorales, au lieu des deux mois prévus initialement.
Selon Alexander Galvis, le président de l’ONG Alianza por Venezuela, ces obstacles sont mis en place par le gouvernement de Nicolas Maduro pour entraver la participation des Vénézuéliens vivant en dehors de leur pays – que ce soit en Argentine ou ailleurs.
Donald Trump et le vote noir
Aux États-Unis, Donald Trump était en campagne ce week-end sur les terres démocrates à Detroit pour la bataille du vote des Noirs, dans le Michigan – un État-clé qu’il avait remporté en 2016, mais que Joe Biden avait récupéré en 2020. Dans cet État, la victoire se joue sur un écart d’à peine quelques milliers de voix… Et Donald Trump grignote de plus en plus le vote des Afro-Américains qui, depuis les années 60, ont toujours massivement voté démocrates. À Détroit, l’envoyé spécial permanent de RFI David Thomson a rencontré Randy : « Avant, je croyais que Trump était raciste et puis je suis allé dans un de ses meetings et tout le monde était sympa ! ». Randy, qui a longtemps voté démocrate, est maintenant persuadé que le républicain fera mieux que Joe Biden pour les Noirs.
Après son meeting dans cette ville à 70% afro-américaine, Trump s’est rendu dans une église noire. Madeleine et Tracy, deux Afro-Américaines sexagénaires ont rencontré l’ancien président, et comptent aussi voter pour lui : « Les Noirs Américains donnent leurs voix aux démocrates depuis des années. Sauf que maintenant on réalise qu’avec eux, on existe uniquement au moment des élections ! » Aujourd’hui, près de 20% des Noirs se disent prêts à voter Donald Trump dans plusieurs États-clés.
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Maryland et Marijuana
Aux États-Unis, l’État du Maryland va annuler 175 000 condamnations prononcées au cours des dernières décennies pour consommation de marijuana. L’annonce a été faite dans leWashington Post par le gouverneur démocrate de cet État, Wes Moore. Environ 100 000 personnes condamnées pour possession de petites quantités de marijuana vont bénéficier de ce pardon. Le gouverneur le voit comme « une étape pour réparer des décennies d’injustice sociale et économique dont souffrent de manière disproportionnée les Noirs et autres minorités ». Wes Moore souligne que « les casiers judiciaires ont été utilisés pour les empêcher d’avoir un travail, un logement, d’aller à l’école – bloquant les familles longtemps après que les peines ont été purgées. » Le Baltimore Sun, un quotidien du Maryland, parle d’une décision « historique », et rappelle que les habitants de l’État ont voté en 2022 pour autoriser le cannabis récréatif – et que le gouverneur a signé l’an dernier (2023) une loi pour créer et réguler l’industrie du cannabis dans l’État.
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Aux États-Unis, le mouvement « Land Back »
Le New York Times se penche sur le mouvement « Land Back » de réappropriation de terres par les tribus indiennes – plus particulièrement dans la région d’Owens Valley en Californie. Le quotidien parle d’un mouvement de « retour de terres » en plein essor. Il rappelle que lorsque les Européens sont arrivés, les tribus ont perdu presque toutes leurs terres – puis leur accès à l’eau, quand au début du XXème siècle ceux qui ont bâti la ville de Los Angeles ont construit un gigantesque aqueduc partant du lac Owens.
Mais les tribus récupèrent peu à peu quelques terres – c’est aussi le cas dans l’Illinois et en Virginie. À Owens Valley, des groupes de défense de l’environnement travaillent avec les responsables indigènes pour que davantage d’eau reste dans la région – à cause de la demande en eau de Los Angeles, expliquent-ils, l’écosystème de la région survit à peine.
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Le journal de La 1ère
C’est la première fois dans l’histoire des JO que la flamme olympique traverse les Outremer : elle est arrivée dimanche soir en Martinique.