Depuis des décennies, l’ingénieur Edgar Leblanc s’impose tel un funambule sur le fil fragile de la politique haïtienne, oscillant entre alliances controversées et stratégies risquées dans les périodes de crise orchestrée et de transition. Chaque pas qu’il pose suscite la même interrogation : est-il l’architecte habile d’une trajectoire calculée dans les méandres de l’instabilité politique, ou simplement un opportuniste en quête de gloire, profitant des remous pour son propre bénéfice, sans regard pour le destin du pays ?
2016 : L’alliance avec le PHTK et les ambitions déçues
En février 2016, Edgar Leblanc s’allie au Parti Haïtien Tèt Kale (PHTK), responsable de la dilapidation des fonds de petro Caribe, dans l’espoir de se positionner comme successeur de Michel Martelly, dont la présidence a été marquée par des nombreuses frustrations, mais aussi par un certain ancrage politique. En s’alliant au PHTK, Leblanc aspire à reprendre le flambeau d’un parti dont la base électorale reste puissante, surtout après l’élection-sélection de Martelly en 2011. Cette alliance stratégique, destinée à le propulser vers la présidence, a été perçue par beaucoup comme une tentative de « pêche » dans les eaux troubles de la transition chaotique post-Sweet Micky.
Cependant, cette alliance a rapidement montré ses limites. Leblanc n’a pas réussi à obtenir suffisamment de soutien au Parlement divisé par des interets mesquins pour s’imposer. C’est finalement Jocelerme Privert, une figure proche de Lavalas, qui remporte le soutien nécessaire, laissant Leblanc dans l’ombre. Cette défaite symbolise le premier revers majeur dans sa quête de la présidence par des alliances de circonstance. En cherchant à exploiter la fragilité du moment, Leblanc s’est trouvé dépassé par des acteurs mieux préparés – fins magouilleurs – ou disposant de réseaux politiques plus solides.
2024 : Une nouvelle tentative, les mêmes erreurs
En 2024, Edgar Leblanc cherche à nouveau à gravir les marches du pouvoir, espérant s’imposer sur la scène politique. Cette fois-ci, il tisse des liens avec trois conseillers présidentiels ternis par des accusations de corruption, misant sur une alliance aussi fragile que risquée pour satisfaire ses ambitions. Cette démarche, loin d’être inédite, s’inscrit dans la ligne droite d’une stratégie bien rodée : au lieu de bâtir une légitimité sur la transparence et l’appui populaire, Leblanc semble préférer les manœuvres de l’ombre et les alliances éphémères. Un rapport de l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC) jette une ombre lourde sur la probité de ces conseillers, et par conséquent, sur la crédibilité de leur coalition.
Comme en 2016, cette tentative a échoué. L’architecte Leslie Voltaire, proche de Lavalas, a réussi à battre l’ingénieur Edgar Leblanc à la présidence du Conseil Présidentiel de Transition (CPT). Cet échec révèle la difficulté de Leblanc à s’imposer dans un paysage politique de plus en plus divisé et dominé par des luttes d’influence complexes. Sa stratégie basée sur des alliances circonstancielles n’a pas porté ses fruits et il se voit une nouvelle fois privé du pouvoir qu’il convoitait.
Une quête de pouvoir sans légitimité électorale
En analysant plus en profondeur le parcours politique de Leblanc, on découvre un personnage qui, bien qu’occupant une place importante dans les rouages du pouvoir, n’a jamais réussi à acquérir une véritable légitimité électorale. A l’exception de son passage au Sénat, Edgar Leblanc a souvent cherché à accéder au pouvoir par des moyens détournés, en s’appuyant sur des alliances stratégiques et des périodes de crise.
Sa proximité avec des figures contestées et ses choix d’alliances renforcent l’image d’un homme politique plus préoccupé par son propre avancement que par les besoins du peuple haïtien. En s’associant à des conseillers accusés de corruption, Leblanc renforce cette perception d’un homme politique déconnecté des attentes populaires, prêt à tout pour accéder aux postes de pouvoir, même au prix de sa propre réputation.
Edgar Leblanc incarne la figure de l’homme politique haïtien qui, malgré des années d’expérience et une carrière très médiatisée, ne parvient pas à traduire ses ambitions en succès électoraux ou en résultats durables pour le pays. Ses échecs répétés à gravir les échelons du pouvoir, tant en 2016 qu’en 2024, montrent les limites d’une stratégie fondée sur les alliances opportunistes et l’exploitation des périodes de transition. Se positionnant comme un « pêcheur en eaux troubles », Leblanc semble plus préoccupé par sa propre ascension que par l’avenir de la nation.
Sa trajectoire, marquée par des échecs successifs et des alliances controversées, soulève des questions sur la nature du leadership en Haïti. La politique haïtienne, dominée par des luttes de pouvoir internes et des influences externes, ne semble pas offrir un terrain fertile à des personnalités comme Leblanc, qui manquent de légitimité populaire. À l’heure actuelle, Edgar Leblanc apparaît plutôt comme un acteur de second plan, dont les ambitions restent inassouvies, coincé dans un cycle de tentatives infructueuses et de désillusions politiques.
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