Non classé

Donald Trump déjà en guerre commerciale

today2025-02-04 1

Arrière-plan
share close

Le président américain entame son deuxième mandat par une salve de droits de douane qui visent la Chine, le Canada et le Mexique, les trois principaux partenaires économiques des États-Unis.

« On n’en voulait pas de cette guerre, se désole le Toronto Star, le plus grand quotidien du Canada. Le coût de la vie va monter, les entreprises canadiennes vont souffrir, on va perdre des emplois. Le réflexe politique en ce moment, c’est de diviser, d’utiliser n’importe quelle crise et c’est bien ça que cherche Donald Trump. Il veut nous faire croire qu’on est devenus si faibles qu’on a plus le choix, […] il essaie de nous harceler, et la manière dont nous allons répondre va modeler la marche du monde dans les années qui viennent ». Heureusement pour nous, conclut le Star, toute la classe politique du Canada appelle à l’unité nationale, les entreprises se préparent à encaisser le choc et les Canadiens s’y mettent aussi : pétitions dans tous les sens, boycott des produits américains et annulation de voyages aux États-Unis, tant mieux car « malgré nos différends, il n’a jamais été aussi important de faire cause commune ».

 

Consommer canadien

Justin Trudeau, le Premier ministre du Canada, enjoint dans la foulée ses concitoyens à faire face en consommant canadien : « C’est le moment de choisir des produits fabriqués chez nous, au Canada. Lisez les étiquettes. Autant que possible, choisissons le Canada ». Le Toronto Star propose ainsi à ses lecteurs une liste de produits made in Canada, qui existent mais semblent difficiles à trouver ou mal indiqués. Il détaille les marques 100% locales, dans des secteurs qui vont du lait au popcorn et de la bière aux sacs poubelle. Et donne la parole au jeune patron d’un site spécialisé, qui a reçu 150 000 visites par jour depuis les annonces de Donald Trump, contre 10 000 visiteurs par mois en temps normal. Ironie de l’histoire, il a créé son site en 2018, lors de la première vague de droits de douane, brandis à l’époque par un certain… Donald Trump.

 

Des dizaines de milliers de migrants internés à Guantanamo ?

Le président américain veut ouvrir un centre de rétention sur cette base connue pour avoir été une prison et un lieu de torture après les attentats du 11 septembre 2001. Dans les années 1990, Bill Clinton y avait déjà envoyé 30 000 Cubains et Haïtiens interceptés en mer alors qu’ils tentaient de rejoindre les États-Unis, et ça n’a pas laissé de bons souvenirs. Anne Verdaguer s’entretient avec l’avocat Brian Concannon, directeur de l’Institut pour la justice et la démocratie en Haïti.

Brian Concannon : « Je suis très perturbé par ce projet, Guantanamo a déjà été utilisé comme un camp de concentration doté de conditions de détention inhumaines et cet endroit échappe à toute juridiction aux États-Unis. La politique récente de l’administration Trump a été de s’affranchir du droit international et de prôner la maltraitance envers les populations immigrées aux États-Unis. Ces deux aspects réunis sont très perturbants, car selon une récente loi américaine, une personne venant de l’étranger peut être arrêtée même si elle a commis un délit mineur et pourra, de fait, être transférée à Guantanamo. C’est très inquiétant d’imaginer une personne détenue dans ces conditions dignes d’un camp de concentration pour un délit mineur, y compris en matière de droits humains. »

RFI : Le terme de « camp de concentration » que vous utilisez a une résonance très forte… 

« C’est un terme très fort en effet, mais je ne l’utilise pas à la légère, car la dernière fois qu’un grand nombre de personnes était détenu là-bas, c’était des Haïtiens dans les années 1990 : ils étaient 20 000, alors que Trump parle de la possibilité d’y mettre 30 000 personnes aujourd’hui. Leurs conditions de détention étaient terribles, ils étaient dans des tentes surpeuplées en plein soleil, entourés de fil barbelé, sans nourriture convenable, sans la possibilité de faire de l’exercice et sans aucun recours légal. Les tribunaux américains ont acté qu’ils n’avaient aucune forme de juridiction à Guantanamo Bay, car ce n’est pas un territoire situé aux États-Unis. Une personne détenue là-bas n’avait aucun moyen de dénoncer ses conditions de détention ou les mauvais traitements qu’elle y subissait. La perspective que tout cela se reproduise est inhumaine. Illégale et inhumaine. Et l’on peut même dire qu’être détenu dans ces conditions, dans une base militaire en zone de non-droit rappelle les camps de concentration. »

Pourquoi cette base de Guantanamo, si controversée, n’a-t-elle toujours pas été fermée ?

« C’était l’une des promesses de campagne du président Barack Obama quand il a été élu en 2008, mais nous sommes en 2025 et cela n’a toujours pas été fait. Je pense qu’il y a plusieurs raisons à cela. Tout d’abord, le fait de renvoyer certains prisonniers dans leur pays pose problème, car ces pays n’en veulent pas. Il y a aussi le fait que les républicains et les démocrates ont pensé qu’il était risqué politiquement de détenir ces prisonniers aux Etats Unis, car il y a un risque d’évasion et un prix politique à payer si cette évasion survient. Mais la plupart des avocats pensent que cela aurait dû être fait depuis longtemps et qu’il y a des façons de transférer les prisonniers dans leur pays d’origine ou aux Etats Unis, sans que cela ne pose aucun risque. D’ailleurs, la plupart des prisonniers présents à Guantanamo à l’époque de la guerre contre le terrorisme ont été transférés ailleurs. En réalité, si ce lieu existe encore, c’est que les présidents américains sont bien contents de disposer d’un lieu où les tribunaux ne peuvent pas agir et d’un endroit où les prisonniers n’ont aucun recours en justice possible. »

Quels sont les recours possibles si cette décision est mise en application par la Maison Blanche ?

« Il y a déjà des groupes d’avocats qui prévoient d’intenter des procès, et qui vont tenter d’obtenir des injonctions de la part des juges afin de stopper les vols d’expulsion. Nous avons déjà des signes d’opposition de la part de certains membres du Congrès, même s’il sera difficile pour eux de contester ces décisions, car les deux Chambres sont à majorité républicaine. La peur est présente pour les immigrés haïtiens, mais aussi pour les autres communautés de couleur, qu’elles soient originaires des Caraïbes, d’Amérique Latine ou d’ailleurs. La décision de les expulser là-bas n’a d’ailleurs aucun sens d’un point de vue économique, car c’est très loin des États-Unis et cela va coûter très cher. À mon avis, Trump fait cela pour montrer à quel point il est capable de maltraitance envers les immigrés pour qu’ils partent, et pour montrer à sa base qu’il saura se montrer cruel, comme il l’a promis. »

 

L’actualité des Outre-mer avec nos confrères de la 1ère

Depuis le 1er février 2025, la Guadeloupe dispose de son propre « index BTP ».

Écrit par:

Rate it

0%