2024 est l’année la plus meurtrière de l’histoire récente d’Haïti. Nous ne devons pas laisser la « fatigue d’Haïti » s’installer
L’année 2024 restera gravée comme l’une des plus meurtrières de l’histoire récente d’Haïti. En cette fin d’année, le pays se débat au milieu d’une violence sans précédent. Plus de 5 000 personnes ont été tuées dans des affrontements liés aux gangs, un chiffre qui dépasse déjà celui de l’année précédente, où les homicides avaient doublé. Des communautés entières ont été ravagées par des massacres d’une violence inouïe. Récemment, plus de 180 personnes ont été brutalement assassinées par un chef de gang dans le quartier défavorisé de Cité Soleil, à Port-au-Prince, marquant l’une des pires tueries de masse que le pays ait connues depuis des décennies.
Les femmes et les jeunes filles paient un lourd tribut à cette crise. Les violences sexuelles sont omniprésentes, et leurs auteurs jouissent d’une quasi-impunité. Les femmes sont attaquées chez elles, dans la rue ou dans les transports en commun. Entre janvier et octobre, plus de 5 400 cas de violences basées sur le genre ont été signalés, dont 72 % concernaient des violences sexuelles. Ces chiffres, déjà alarmants, ne reflètent probablement qu’une petite partie de la réalité.
Cependant, le monde détourne les yeux. L’attention internationale, brièvement portée sur Haïti, s’est estompée. Une certaine « lassitude envers Haïti » semble s’installer. Les massacres de masse n’apparaissent plus que rarement dans les titres des journaux. L’aide internationale diminue à mesure que les crises – séismes, catastrophes climatiques, instabilité politique – s’accumulent, décourageant les gouvernements d’investir davantage. Les espoirs placés dans la mission de police dirigée par le Kenya s’effritent alors que la violence persiste, incontrôlée.
La terreur infligée aux femmes et aux filles en Haïti ne doit pas être ignorée. Les récits des survivantes témoignent d’un calvaire indescriptible et d’une incapacité à protéger leurs enfants. Les gangs utilisent le viol comme arme pour terroriser les communautés. Des femmes, dont les maisons ont été incendiées ou pillées, trouvent refuge dans des camps de déplacés où elles sont confrontées à des conditions déplorables et à d’autres violences.
Une jeune mère de 18 ans, rencontrée dans un camp, a fui son quartier pour trouver sécurité et répit. Elle a pourtant été de nouveau agressée. Ses paroles résonnent comme un cri d’alerte : « Ce que je vis n’est pas humain. »
Les victimes ont besoin de soins médicaux, d’abris sécurisés et d’un soutien psychologique. Or, les financements destinés à ces mesures essentielles ont atteint un niveau critique. Sur les 674 millions de dollars demandés par l’ONU pour l’aide humanitaire en Haïti cette année, seuls 42 % ont été collectés, et une part infime est dédiée à la protection des femmes et des filles. C’est un échec moral.
En Haïti, les violences sexuelles ne constituent pas une « épidémie cachée ». Elles sont une stratégie délibérée et inhumaine des gangs. Cette réalité est visible, insoutenable et trop souvent ignorée.
Cependant, les femmes et les filles que je rencontre chaque jour refusent de se taire. Soutenues par ActionAid, des jeunes utilisent des radios communautaires pour sensibiliser aux droits des femmes. Récemment, 200 femmes et filles déplacées ont organisé un sit-in pour revendiquer leurs droits après une journée de sensibilisation. Ces femmes, piliers de la société haïtienne, offrent une lueur d’espoir pour un avenir libéré de la violence. Mais elles ne peuvent pas y parvenir seules.
La sécurité des femmes et des filles en Haïti est une priorité non négociable. L’attention internationale doit se focaliser non seulement sur la lutte contre les gangs, mais aussi sur le financement d’organisations dirigées par des femmes, capables de fournir des soins médicaux, des refuges sécurisés et une justice pour les survivantes.
Mettre fin aux horreurs que subissent les femmes haïtiennes implique de s’attaquer aux causes structurelles de la violence, notamment les violences basées sur le genre. Toute intervention, y compris celle menée par le Kenya sous l’égide de l’ONU, doit être accompagnée d’un plan clair, durable et bien financé pour éviter de reproduire les échecs des missions précédentes.
À l’aube d’une nouvelle année, il est temps de réfléchir au type de monde que nous voulons tolérer. Les femmes et les filles d’Haïti méritent plus que notre compassion. Elles méritent des actions concrètes. Agissons avant qu’un nouveau seuil tragique ne soit atteint.
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