Québec (Montréal) remet en cause le changement d’heure

En Haïti, quel est l’intérêt de cet ajustement ?

Quelles vertus à cette pratique presque centenaire ?

Le débat sur le changement d’heure invite à une réflexion critique sur l’impact de cette pratique sur notre vie quotidienne. Les questions de santé, de sécurité et d’économie, combinées à une tendance mondiale à la réévaluation de cette tradition, soulèvent la question fondamentale suivante : le moment est-il venu de tourner la page sur cette pratique presque centenaire ? Les résultats de la consultation prévue pourraient bien changer notre rapport au temps. Et en Haïti, quel est l’intérêt de cet ajustement ?

Dix jours avant que les horloges ne soient reculées d’une heure, le gouvernement du Québec a lancé, ce mardi, une consultation sur la pertinence de l’heure avancée. Le ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette, a déclaré : « Le temps est venu de réfléchir à la possibilité d’abolir le changement d’heure et de garder une seule et même heure toute l’année. » Cette consultation se déroulera jusqu’au 1er décembre.

Cette mesure, instaurée durant la Première Guerre mondiale pour maximiser la production estivale, a été adoptée au Québec dans les années 1940. Elle soulève aujourd’hui de nombreuses interrogations quant à sa pertinence.

Ajustez vos cadrans !

Dans la nuit du 2 au 3 novembre 2024, il sera nécessaire de reculer l’heure. À 2 h du matin, le Québec retournera à l’heure normale, permettant ainsi à dormeurs et fêtards de profiter d’une heure supplémentaire. Cependant, avec le passage du temps, cette pratique est de plus en plus remise en question. À titre d’exemple, la Saskatchewan a cessé de changer ses horloges depuis 1966.

Quels sont les avantages et inconvénients des changements d’heure ? Si l’on envisageait de garder la même heure tout au long de l’année, laquelle devrions-nous choisir ? La Presse a discuté de ces questions avec deux experts.

Charles Morin, psychologue et spécialiste du sommeil à l’Université Laval, souligne : « Tout le monde préfère avoir une journée plus longue le soir. » Toutefois, il ajoute que du point de vue du sommeil, il n’existe pas de raison valable pour justifier le changement d’heure. Selon lui, l’impact du manque de sommeil causé par le passage au printemps est limité pour le grand public, mais peut avoir des conséquences importantes pour des groupes spécifiques, tels que les adolescents qui souffrent de privation de sommeil chronique, ce qui peut affecter leur humeur.

Les effets sur les enfants et les adolescents dans le milieu scolaire sont notables. Morin précise : « Ce n’est pas aussi évident à Québec et Montréal, mais dans les régions plus à l’ouest, de nombreux enfants se rendent à l’école dans l’obscurité, ce qui réduit leur capacité d’attention. »

Les implications sanitaires

Sur le plan de la santé physique, Charles Morin mentionne qu’un des effets avérés du changement d’heure est l’augmentation des problèmes cardiovasculaires dus au manque de sommeil. Une étude de 2008 publiée dans The New England Journal of Medicine rapportait qu’après le changement d’heure du printemps, le nombre de crises cardiaques augmentait de 0,5 % dans les deux semaines qui suivaient.

Le passage à l’heure avancée pourrait également entraîner une hausse des accidents de voiture, en raison du manque de sommeil. Bien que des études aient montré une augmentation des accidents au printemps, d’autres constatent également des pics en automne, lorsque les gens bénéficient d’une heure de sommeil supplémentaire.

En outre, des études ont révélé une hausse de 6 % des suicides et des décès par surdose liés au manque de sommeil au printemps, bien que l’impact du changement d’heure sur ces tragédies soit moins bien documenté. Morin conclut : « Les données sont contradictoires. »

Quant à la possibilité que l’heure avancée puisse réduire la dépression saisonnière liée au manque de lumière, il reste prudent. « A priori, si l’on diminue les heures de clarté, on peut penser que cela pourrait avoir un impact positif. Cependant, il n’y a pas suffisamment de données pour le confirmer. »

La perspective économique

En 2007, les États-Unis ont introduit une solution de compromis en repoussant la fin de l’heure avancée de quatre semaines. Le Québec a suivi cette démarche, comme le souligne Jean-Luc Geha, directeur associé de l’Institut de vente de HEC Montréal : « Cela démontre l’importance de rester aligné avec nos principaux partenaires commerciaux, notamment l’Ontario et l’est des États-Unis. »

Concernant les répercussions économiques du changement d’heure, Geha précise : « Il n’existe aucune donnée probante démontrant que l’heure avancée favorise les ventes. » Quant aux golfeurs, il estime que leur besoin de jouer plus tard est « une activité assez marginale ».

Quelques pays sans heure avancée

Certains pays ont choisi de ne pas appliquer le changement d’heure, notamment :

• Les États-Unis (Arizona et Hawaii)
• L’Islande
• La Russie
• La Turquie
• Cuba
• République Dominicaine

Solstices sans changement d’heure :

• Solstice d’été à Québec avec l’heure avancée : 4 h 51 à 20 h 43
• Solstice d’été à Québec avec l’heure normale : 3 h 51 à 19 h 43
• Solstice d’hiver à Québec avec l’heure avancée : 8 h 27 à 16 h 59
• Solstice d’hiver à Québec avec l’heure normale : 7 h 27 à 15 h 59

Source : gouvernement du Québec

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