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OEA et l’ombre d’un passé controversé en Haïti : nouveau projet de réforme électorale ou persistance d’une influence internationale ?
Washington, D.C. – Alors que l’Organisation des États américains (OEA) accueille une délégation haïtienne à Washington, D.C., pour des discussions sur le processus électoral à venir, dans un contexte d’insécurité croissante, les critiques se multiplient en Haïti. En particulier, le Dr Josué Renaud de la New England Human Rights Organization (NEHRO) a rappelé l’intervention controversée de l’OEA en 2010, accusée d’avoir favorisé Michel Martelly en manipulant, comme l’a confirmé plus tard le sénateur Joseph Lambert, les résultats du premier tour pour le faire passer de la cinquième à la deuxième place, lui permettant ainsi d’accéder au second tour d’une élection déjà très disputée.
Selon Renaud, cette intervention musclée en mai 2011 a contribué à l’émergence d’un Michel Martelly accusé comme étant membre d’un gang, à l’origine du chaos actuel, aggravant l’insécurité et la déstabilisation du pays.
Aujourd’hui, dans le cadre de cette nouvelle rencontre prévue du 28 au 30 octobre 2024, l’OEA, en collaboration avec la Commission de Venise, aspire à stabiliser le processus démocratique haïtien par le renforcement de la sécurité électorale et la révision du cadre législatif. Ce projet, appuyé par des fonds internationaux – notamment du Canada, de la France, et des États-Unis – inclut des discussions pour garantir des élections dans des zones de conflit et étendre le droit de vote aux diasporas. Cependant, la récurrence de l’ingérence perçue de l’OEA soulève la question : assiste-t-on à un véritable soutien pour une réforme portée par les Haïtiens, ou bien à une répétition de la politique de pression internationale pour orienter les choix électoraux du pays ?
Ce programme s’inscrit sous l’égide de la Résolution CP/RES.1237 de novembre 2023, qui appelle à un « cadre légal rénové » et à un environnement électoral sécurisé en Haïti. Toutefois, certains analystes haïtiens et critiques de la scène politique considèrent cette initiative avec scepticisme, évoquant une souveraineté nationale fragilisée par des pressions extérieures. Ils soulignent que l’OEA, par ses précédentes interventions, notamment en 2010, incarne une ingérence diplomatique qui a souvent exacerbé les tensions internes plutôt que de consolider une réelle indépendance politique.
La présence d’acteurs internationaux soulève aussi des questions fondamentales sur le rôle même de l’OEA et de la Commission de Venise. En cherchant à influencer des réformes constitutionnelles et à « stabiliser » la démocratie haïtienne, l’institution semble parfois éloignée des besoins et aspirations réelles du peuple haïtien. Alors que des mesures sont proposées pour renforcer la sécurité et encadrer les futures élections, beaucoup se demandent si ces engagements contribueront réellement à renforcer la démocratie ou s’ils perpétueront un modèle d’influence étrangère, perçu comme néocolonial par certains.
Ce sommet à Washington pourrait-il être une opportunité pour un renouveau démocratique et autonome en Haïti, ou n’est-il qu’une répétition de l’histoire récente où l’OEA semble agir en régisseur des choix politiques haïtiens ?
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